08.01.2024
Dix tendances de la construction en 2024
Texte tiré des Opinions du magazine Bilan du 2 janvier 2024
Si le changement d’année voit fleurir les rétrospectives, il est tout aussi important d’anticiper l’année à venir. Passons donc en revue les tendances qui vont encore gagner en importance en 2024 dans la construction.
La pénurie d’ouvriers qualifiés
Le secteur fait face à une pénurie de main-d’œuvre qui frappe les projets et induit des retards. C’est malheureusement une tendance qui est appelée à perdurer puisque la Société suisse des entrepreneurs estime qu’il manquera 5600 travailleurs qualifiés en 2040, soit 16% des besoins totaux.
L’augmentation des coûts des matériaux et de la main-d’œuvre
Corollaire de la pénurie, les salaires devraient s’apprécier de 2% en 2024, selon une étude d’UBS sur le pouvoir d’achat parue en novembre, ce à quoi s’ajoute le coût de certains matériaux qui continue aussi à augmenter. Tout cela a un impact sur les marges bénéficiaires des entreprises et sur le prix final des constructions.
Robotisation et automatisation
Pour pallier les coûts et les manques de main-d’œuvre, le secteur de la construction va de plus en plus compter sur l’automatisation et la robotisation, malgré son relatif retard dans le domaine. Les robots vont induire des environnements plus sûrs en automatisant les processus répétitifs et en remplaçant les tâches nécessitant une importante force de travail telles que le chargement, la peinture ou la maçonnerie. De plus, les robots peuvent fonctionner 24 heures sur 24 heures.
L’impression 3D
Si cette technologie n’est pas encore très répandue en Suisse, où le prix du foncier requiert du bâti de qualité, l’impression 3D pourrait néanmoins s’y implanter rapidement en raison de la pression sur les coûts et la main-d’œuvre. En effet, alors que le type de matériau imprimable ne cesse de s’accroître (béton, polymère, fibre, sable, voire biomatériau) et que la technologie permet désormais d’imprimer les systèmes de plomberie, de chauffage et d’électricité, l’impression réduirait de 75% le temps de construction et nécessiterait 75% en moins de force de travail.
Les drones
Les drones permettent de prendre des mesures avec plus d’acuité, de réduire les déchets et d’améliorer la sécurité sur les chantiers. Leur utilisation se développe de plus en plus.
La technologie au service de la sécurité
Chaque année, en Suisse, un ouvrier du bâtiment sur quatre est victime d’un accident. Souvent bénins, cela représente néanmoins près de 50 000 cas par année. L’adoption de technologies améliore la sécurité et la santé des ouvriers, qu’elles soit intégrée dans leur tenue ou qu’elles se retrouvent dans des dispositifs de surveillance.
Construction virtuelle
Les nouvelles technologies axées sur la conception virtuelle et la visualisation, notamment le BIM (Modélisation des Informations sur les Bâtiments) et les logiciels de gestion de la construction permettent de créer des environnements virtuels pour imaginer et représenter des structures avant leur édification, réduisant ainsi les coûts liés aux erreurs de construction.
Villes Intelligentes
L’avènement des villes intelligentes, intégrant l’internet des objets, change la façon dont opèrent les entreprises de construction. La collecte de données à grande échelle pour optimiser les infrastructures ne cesse de croître, avec des investissements massifs attendus.
Construction durable
Ce n’est déjà presque plus une tendance puisque la grande majorité des bâtiments d’aujourd’hui répondent aux critères énergétiques les plus élevés. Une nécessité car le parc immobilier suisse use près de 90 TWh, soit 40% environ de la consommation finale d’énergie en Suisse et qu’il génère presque un tiers des émissions de CO2. De plus, les entreprises se tournent vers des pratiques de construction de plus en plus vertes pour réduire leur impact environnemental, les matériaux représentant 9 % des émissions globales de CO₂ liées à l’énergie.
Matériaux de construction innovants
L’utilisation de matériaux de construction innovants, tels que le bio-ciment, se développe pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le CO₂ capté est injecté dans des granulats de béton recyclé. Selon le GIEC, sans le concours de cette technologie, il sera impossible d’atteindre les objectifs fixés concernant le réchauffement climatique. Ces matériaux présentent un potentiel énorme pour révolutionner ce secteur.